Livre après livre

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vendredi 2 octobre 2015

Le journaliste et l’assassin de Janet Malcom


En 1970 en Californie, Jeff Mac Donald, un médecin servant dans une unité de bérets verts, est accusé puis blanchi par un tribunal militaire du meurtre de sa femme enceinte et de ses deux petites filles. Quelques années plus tard, un dossier convaincant, fruit de l’enquête reprise par la justice fédérale, le fait de nouveau comparaitre devant un tribunal. Cette histoire intéresse le journaliste désargenté (ses livres ne se vendent plus) Joe Mc Ginniss qui, après une rencontre avec Mac Donald pour un article, accepte de signer un contrat avec lui pour écrire un livre sur l’affaire.

 Rapidement les deux hommes se lient d’amitié et ne se quittent plus. Une amitié de séduisants mâles américains aimant le football et les femmes, de deux séducteurs sûrs de leur charme. Une proximité qui pousse Mac Donald à répondre aux questions les plus indiscrètes de Mc Ginniss qui intègre son équipe de défense. Le journaliste affirme croire dur comme fer à l’innocence de son ami et quand celui-ci, à l’issue de son second procès tenu en 1979, est condamné à perpétuité, il lui envoie des lettres en prison où il lui dit souffrir autant que lui de cette monstrueuse injustice.

Mais quand le livre paraît, Mac Donald découvre une toute autre réalité. Son ami et partenaire le décrit comme un dangereux psychopathe dont il est persuadé de la culpabilité. Mac Donald décide, devant tant de duplicité et de mauvaise foi, d’attaquer Mc Ginniss en justice pour « tromperie et violation de contrat ». Procès que Mac Donald va gagner. Mc Ginniss est condamné pas tant pour avoir écrit ce qu’il pensait réellement de cette affaire dans un livre de non-fiction (dans un roman, la liberté d’expression est totale) que pour avoir trompé son sujet en lui soutirant des informations par le biais d’une fausse amitié.

Ce récit passionnant de Janet Malcom pose le problème des rapports de l’auteur et de son sujet dans la littérature de non-fiction. Un cas d’école déontologique où la question est de savoir si, au nom de la vérité, tous les moyens sont permis.

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